Moto à Paris : le guide de survie

Voilà maintenant plus de 5 ans que je circule en moto dans Paris et sa région, seul ou en duo. 5 ans, non sans frayeurs, mais avec aucun accident à signaler. Je touche du bois. Fort de cette expérience, je me suis donc décidé à lister les 10 facteurs qui peuvent expliquer cette situation alors qu’à entendre les bruits de couloirs, Paris serait une ville risquée pour les motards.

1 – Le regard

Vous l’avez sûrement appris lors du passage de votre permis, le regard joue un rôle essentiel au bon pilotage de votre machine. La vue est le sens le plus sollicité lorsque l’on circule dans la jungle urbaine. Un téléphone au volant signalant un conducteur distrait dont il faut se méfier, une voiture qui s’apprête à déboîter sans clignotants (sinon ce ne serait pas drôle), un véhicule qui freine fort sans raison apparente, un feu grillé, etc. Nombreuses sont les occasions de passer proche de l’accident. Avoir une bonne vision de ce qui se passe devant, à coté et derrière soit peut bien souvent nous permettre d’anticiper les comportements hasardeux voire dangereux de certains usagers de la route. Un œil devant soit, dans ses rétros, dans les angles morts est crucial à Paris !

2 – L’anticipation

Lorsque l’on se lance dans le trafic dense, notre seule arme pour éviter les embûches est l’anticipation. C’est bête à dire, mais respecter des distances de sécurité, prévoir les mouvements des autres usagers de la route, voir au loin une portion de route à l’adhérence réduite, réduire sa vitesse à l’approche de croisements (même si vous êtes prioritaire), est une des clefs de la survie des motards dans les villes (et ailleurs aussi !).

3 – La concentration

En ville, la pratique du 2 roues fatigue. Pourquoi ? Parce que l’on est dans l’obligation d’avoir une concentration constante et maximale sur la route. Pour ma part, après une remontée de file sur le périf pendant 30 minutes, je me sens aussi fatigué que lorsque je cours 5kms à pied 😉 Si à cela on ajoute les nombreux éléments de la circulation à vérifier (les feux, les panneaux de signalisation, les trajets des autres usagers, les piétons, les cyclistes, les ouvertures de portières, les changements de file, et j’en passe) notre niveau de concentration en ville s’use rapidement. Pour conserver cette concentration et limiter les fautes d’inattention, il reste utile de s’accorder des pauses régulières. En ville, les occasions sont nombreuses pour reprendre son souffle : un stop, un feu rouge, un bouchon, etc.

4 – Une moto affûtée pour la ville

Je l’ai déjà abordé dans cet article, avoir une bécane relativement légère, maniable et bien entretenue nous permet de rouler en toute sécurité sans avoir à se soucier de freins défectueux, d’une perte d’adhérence à cause de pneus usés, et j’en passe. Au-delà de ça, il est bien sûr possible de s’en sortir avec une grosse cylindrée, l’important étant d’avoir confiance en sa machine et surtout de bien connaître ses limites pour adapter au mieux sa conduite aux conditions de circulation.

5 – La mobilité

On entend souvent les automobilistes se plaindre des « zig-zag » des motards. Je considère cette mobilité sur la chaussée indispensable pour pouvoir s’éloigner des zones de risques : les ouvertures de portières dans les rues avec place de parking, les parties de route pleines de crasse, les trajectoires de freinages des voitures, les passages de piétons, etc.

6 – L’équipement

Il s’agit d’un rappel, mais circuler avec un équipement adapté peut vous permettre d’être confiant dans votre conduite et limiter les débats en cas de chute ou de collision. De plus, j’ai déjà évoqué ce point ici en évoquant les gants, un bon équipement évite de vous distraire pour vous permettre de mieux vous concentrer sur votre pilotage.

7 – La maîtrise de ses angoisses

Il est probable que certains d’entre vous soient anxieux à l’idée de se retrouver dans la capitale à devoir affronter un flux dense (et parfois chaotique) de circulation. Avoir peur des autres, peur de l’erreur, peur de la chute, sont de bons prétextes pour ne vous faire penser à qu’à ça et brider votre concentration et vous faire partir à la faute à cause d’une conduite trop crispée et d’un esprit ailleurs que concentré sur la route.

8 – Reconnaître les zones à risques

A forte de pratiquer certains boulevards de la région parisienne, on apprend rapidement à repérer les zones à risques dans lesquelles il faut redoubler de méfiance. Des exemples ? Les changements de files sur les voies régulièrement bouchées, les changements de voie de dernière seconde à l’approche des sorties, les rues dans lesquelles le respect des feux / stop /cédez-le-passage / priorités est régulièrement oublié.

9 – Le respect des limitations de vitesse

Là encore il s’agit d’une règle classique qui s’applique partout et tout le temps. En ville tout va vite, il y a du monde donc l’anticipation est beaucoup plus ardue qu’en rase campagne avec un champ de vision dégagé et 3 vaches sur le bord de la route. Garder une vitesse limitée et raisonnable est indispensable pour pouvoir éviter tout risque d’accident.

10 – Et vous, quel serait votre conseil pour ne pas partir à la faute dans Paris et en villes ?

Je vous laisse le champ libre pour ce 10ème point, c’est à vous de jouer !

Dans le même genre, je vous invite à lire :
Le guide de survie du motard sur le périf
Le petit guide de survie du motard en milieu hostile

12 réactions sur “Moto à Paris : le guide de survie

  1. A Paris comme dans n’importe qu’elle grande ville ! A lyon toutes tes règles s’appliquent aussi 😉

    Je rajouterais un point : Imaginer tous les scénarios peut permettre d’avoir les bons reflexs en cas d’urgence …
    Exemple : on voit une voiture feu allumer qui est garé sur une place !
    On imagine les situations possible :
    1 Déboiter sans clignotants
    2 Ouverture de portière
    3 Que la voiture devant se stoppe pour parler avec son pote garé
    4 Qu’une personne traverse brusquement pour rejoindre cette voiture

    Une fois toutes les situations en tête on sait comment réagir face à chacune …

      • Je suis tout à fait d’accord, avec l’expérience, même si parfois on ne voudrait pas y croire (si on vise la durabilité/survie de soi et de notre engin) qu’il faut conduire en s’attendant à tout, et qu’en tant qu’usagers faibles par rapport aux autres, il faut conduire en ayant en tête qu’on est entourés de biens étranges phénomènes contre lesquels nous sommes perdants.

  2. Dans les remontées de files sur les boulevards Bordelais, il arrive parfois que des piétons surgissent entre les voitures arrêtées: donc le regard loin, mais près aussi en remontées de files et deux doigts sur le frein. Gaffe aux scoots aussi: beaucoup de Zorros dont certains marchent au champignons hallucinogènes.

  3. Salut, je suis d’accord avec la concentration extrême.
    Je fais la moitié du périph tous les jours et il me faut 5 / 10 minutes pour relacher mon attention une fois arrivé à destination.
    Pour le N°10 : En remonté de file et sur le périph UNIQUEMENT je roule toujours avec les doigts sur le freins et embrayage (sans les toucher).
    C’est des dizièmes de seconde gagné en cas de soucie ( ça fait une grande différence).

    • Merci pour ton commentaire Guillaume 🙂

      Pour faire retomber la pression, je pense que ça vient avec l’habitude.

      Bon conseil pour le n°10 !

      • Après 60 ans de conduite, un cas qui vient de m’arriver :
        Dans une rue à 2 voies mais assez large, Je suivais une camionnette imposante qui roulait depuis un moment à 30 à l’heure dans une ligne droite. Elle me cachait toute visibilité. Au bout d’un instant, je me décide à la dépasser, et juste à ce moment un cycliste qui roulait devant elle, et était totalement caché à ma vue, tourne brusquement à gauche, évidement sans regarder derrière lui, sans doute parce qu’il n’avait conscience que de la présence de la camionnette…
        Heureusement que j’y allais avec précaution. Pas de contact…

        • Merci pour ce témoignage, c’est vrai que ce genre d’angle mort est traître. Dans le même genre, il y a les piétons qui sortent du bus et qui ont le mauvais réflexe de traverser directement sans vraiment prêter attention aux véhicules en train de doubler le bus qui est du coup à l’arrêt. Si on ne prend pas les devants, c’est le carton assuré.

  4. Pas de points à rajouter.
    Juste insité sur le regard et l’anticipation. Pour moi ce sont les clefs de la survie.
    Pour les doigts sur les freins en interfile, j’ai laisser tombé, je priviligie le regard, l’anticiption.
    Au final j’ai une conduite coulée et ma conso et l’entretien s’en ressent.

  5. la règle d’or: [b]ANTICIPER[/b]
    et partir du principe qu’il y a plein de « malades » qui conduisent comme si ils étaient seul sur la route…et qui forcément vous ont pas vu!

    • C’est exactement ce qu’on apprend quand on passe le permis. Sans rentrer dans le classique « le danger c’est les autres », il est important de garder en tête que sur le route tous les comportements, des plus anodins aux plus dangereux peuvent se présenter à nous.

  6. Pingback: Et bim, le scooter qui double à droite | La poignée dans l'angle

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