Il est un peu l’espoir que l’on attendait plus. Depuis la victoire de Régis Laconi au Grand Prix de Valence, en 1999 (troisième victoire seulement d’un français en GP depuis sa création en 1949), les français n’avaient plus que leurs yeux pour pleurer, et se sont souvent consolés en devenant des supporter irrémédiables de Valentino Rossi. Oui, mais ça, c’était avant l’arrivée cette année du double champion du monde Moto2, le français Johann Zarco, et surtout c’était avant sa prestation époustouflante lors du dernier Grand Prix de France. Alors l’Hexagone se met à rêver d’un premier titre de champion dans la catégorie reine d’un pilote français. Dès cette saison ?
Après 5 courses, Zarco, pour sa première saison dans l’élite, est déjà à une belle cinquième place au général, seulement 7 points derrière la légende Rossi, en troisième position, et un peu plus loin du leader au classement, l’espagnol Maverick Viñales. Mais il dispose déjà de pas mal de points d’avance sur Jorge Lorenzo, triple champion du monde, qui est en phase de découverte de sa Ducati. Mais plus que ce premier bilan comptable, car il reste tout de même 13 autres courses à disputer, c’est le comportement en course de Zarco et son pilotage fluide qui laisse espérer des lendemains qui chantent en bleu-blanc-rouge.
Lors de son premier Grand Prix, au Qatar, il avait grillé la politesse à tous les cadors, qui ne connaissaient alors même pas son nom, pour prendre la tête de la course, avant de partir à la faute avant la fin mais qu’importe, le message était passé. Depuis, le pilote français a terminé cinquième au Grand Prix d’Argentine et des Amériques, puis quatrième au Grand Prix d’Espagne, avant une formidable deuxième place au Grand Prix de France. Une progression constante qui, si même une victoire finale paraît illusoire, donne de bons espoirs pour au moins une victoire sur un Grand Prix cette saison.
Une place sur le podium ne paraît désormais non plus totalement inconcevable, malgré la rudesse de la concurrence. Une preuve supplémentaire que Zarco s’est définitivement fait un nom dans le monde de la moto GP sont les cotes que lui donnent les bookmakers. Ainsi, avec une cote de 28 contre 1 sur BetStars, bien que loin derrière celle de Viñales, il est déjà le cinquième plus grand favori à une victoire finale au classement général. Chose encore impensable en début de saison.
Oui, mais voilà, Zarco a déjà 26 ans, et a fait ses gammes durant des années en Moto2 avant de se sentir prêt pour la GP et de rejoindre l’écurie française de Yamaha. Il n’est donc pas une jeune tête brûlée de 18 ans ne sachant se contenir, il a déjà l’assurance et les épaules d’un pilote expérimenté. Les prochains Grand Prix en Italie, sur les terres de Valentino Rossi, et en Catalogne, nous en diront plus sur les capacités réelles de Zarco à tenir la cadence et la pression de ses rivaux, maintenant que ceux-ci ont appris à faire sa connaissance et le considèrent désormais comme un adversaire sérieux.
Ainsi, même s’il est trop tôt pour savoir si la France a enfin trouvé son petit prince de la GP, on ne peut que se réjouir de voir un français faire les gros titres de cette discipline, aussi bien en France que dans le reste de l’Europe, et c’est avec une grande attention que le monde sportif suivra ses prochains exploits, en espérant qu’ils soient nombreux et spectaculaires. Johann Zarco pourrait bien écrire les plus belles pages du sport automobile français depuis de nombreuses années.